Noces suivi de
L'été d'Albert Camus.
« Au printemps,
Tipasa est habitée par les dieux et les dieux parlent dans le soleil
et l'odeur des absinthes [...] »
Dès les premiers mots,
Camus donne le ton général de ces deux essais, rassemblés ici en
un seul volume, et qui concentrent plusieurs textes courts écrits à
différents moments de sa vie, notamment lors de la seconde guerre
mondiale. C'est un hymne à la nature, à l'éblouissement naïf et
originel, que l'auteur choisit d'illustrer au détour d'une promenade
estivale dans les ruines de la Tipasa antique. Bordé d'asphodèles
et de géraniums sanguinolents, le forum de la vieille ville éveille
un profond sentiment de liberté, doublé d'une profonde mélancolie,
celle des temps les plus reculés, qui prend sa source dans la
contemplation des beautés du monde.
Loin du fourmillement des
grandes métropoles européennes, Camus nous transporte dans un
paysage pierreux, où le soleil règne en maître absolu sur ses
habitants accablés par un ennui ancestral, le Minotaure de ce
labyrinthe de poussière. Ce voyage méditerranéen promet un
éblouissement unique, porté par une écriture hautement sensuelle,
à la limite de l'ensorcellement. Un retour aux sources du bonheur
premier, de ce bonheur depuis longtemps oublié par les horreurs des
guerres, par les transgressions permanentes de l'humanité.
« Je doute parfois
qu'il soit permis de sauver l'homme d'aujourd'hui. Mais il est encore
possible de sauver les enfants de cet homme dans leur corps et leur
esprit. Il est possible de leur offrir en même temps les chances du
bonheur et celles de la beauté. » (Prométhée aux Enfers)
C'est dans la beauté et
la contemplation originelle que Camus entend bien retrouver une
certaine paix intérieure, un accord entre l'homme et la nature, ou
plutôt une désintégration de l'être dans la nature, dans une
dernière étreinte, dans une dernière communion.
« Au milieu de
l'hiver, j'apprenais enfin qu'il y avait en moi un été
invincible. » (Retour à Tipasa)
(Vue de Tipasa)
Un beau moment d'évasion, tu as une magnifique plume ! Elodie
RépondreSupprimerMerci beaucoup, Elodie, de me suivre et d'avoir lu mon premier article, c'est un plaisir :)
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