Les Petits Chevaux de Tarquinia de
Marguerite Duras.
« Sara se leva tard. Il était un
peu plus de dix heures. La chaleur était là, égale à elle-même. »
Quand on lit Marguerite Duras, on ne
peut pas s'empêcher d'être frappé par les ambiances qu'elle
parvient à créer, lourdes et sybillines. Dans Un Barrage Contre le
Pacfique, elle nous racontait l'histoire tragique et désespérante
d'une famille abandonnée à son sort sur des terres incultivables en
Indochine, en proie à la cruauté des agents du cadastre, loin de la
prospérité coloniale qu'on leur avait promis. L'intrigue se bâtit
alors autour des marées annuelles qui viennent détruire les maigres
récoltes. L'atmosphère des Petits Chevaux de Tarquinia est tout
aussi suffocante et inquiétante, voire plus sensible encore. En
effet, la chaleur terrasse, dès le début du roman, les différents
personnages et instaure une ambiance caniculaire où le désir et les
tensions grandissent au fur et à mesure des journées. Des non-dits,
des paroles inachevées, des regards soupçonneux, des élans
charnels hésitants... des sentiments et des envies inavoués se
révèlent peu à peu à mesure que le soleil, implacable, se dresse
sur ces paysages brûlés.
Duras distille au fil de son récit des
tensions qui apporteront au roman toute sa force singulière et son
étrange attrait. Nous suivons notamment les faits et gestes de deux
couples, apparemment en pleine interrogation. Lorsqu'un inconnu
débarque en ces lieux de villégiature maudits, le désir enflamme
les chairs ennuyées et embrase à nouveaux les feux anciens, depuis
longtemps oubliés, de l'amour.
« - Moi, dit Ludi, je crois que le mal
vient de ce qu'on fait tout trop tard […].
- Sans doute, dit évasivement Diana,
mais qu'est-ce qu'on ne fait pas trop tard dans la vie? »
L'ennui et la passion. Les remises en
question et les actes. Duras délivre ici un huis-clos brûlant où
le désir s'exprime dans toute sa complexité.
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