Au crépuscule des mots...

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dimanche 12 juillet 2015

D'une rêverie cauchemardesque à l'autre...

La Montagne morte de la vie de Michel Bernanos.


«Je venais tout juste d'atteindre mes dix-huit ans, lorsqu'un soir, après boire, la main d'un ami guida la mienne pour signer un engagement d'une année sur un galion.»

Difficile de ne pas se laisser embarquer d'emblée dans cette histoire cauchemardesque. Ce jeune homme, entraîné malgré lui sur un navire où la brutalité et la canaillerie sont quotidiennes, va vivre une aventure hors-du-commun, une mortelle lutte pour la survie. Alors que le galion sombre dans une tempête monstrueuse, il parvient à en réchapper, accompagné d'un certain Toine. Ils vont alors s'échouer sur une île mystérieuse, inhabitée, qui ne ressemble qu'à un vaste amas de montagnes rougeâtres, où l'eau semble inexistante, et la végétation, à première vue, absente. C'est alors que le périple que ces deux hommes vont endurer prend une tournure fantastique, où l'ombre de Jules Verne n'est jamais très loin. On ne sait plus exactement où se placer: entre rêve et réalité, entre cauchemar et au-delà.

«L'extraordinaire beauté du lieu, qui m'avait tout d'abord émerveillé, me faisait maintenant frissonner de dégoût. Je dis de dégoût, car la peur n'avait même plus de place en moi. Je finissais par comprendre pourquoi les âmes qui séjournent en enfer y demeurent sans révolte apparente. Le dégoût n'est-il pas le commencement de l'acceptation?»

Ce court roman vous émerveillera sans doute par ses images surnaturelles, franchement inquiétantes, tour à tour sinistres ou étrangement belles. Entre le récit d'aventure et la métaphore existentielle, ce roman, plutôt méconnu, et c'est bien dommage, devrait trouver une petite place dans votre bibliothèque!

P.S: Michel Bernanos n'est autre que le fils de Georges Bernanos, auteur de la première moitié du XXe siècle notamment connu pour son Journal d'un curé de campagne et son autre roman, Sous le soleil de Satan. Il souffrira de la notoriété de son père, mais cela ne l'empêchera pas de construire une œuvre complète et unique. Il se suicidera à l'âge de 41 ans. Son obsession de la mort et son inquiétude permanente se retrouvent au fil des pages angoissées de La Montagne morte de la vie.

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