La Montagne morte de la
vie de Michel Bernanos.
«Je venais tout juste
d'atteindre mes dix-huit ans, lorsqu'un soir, après boire, la main
d'un ami guida la mienne pour signer un engagement d'une année sur
un galion.»
Difficile de ne pas se
laisser embarquer d'emblée dans cette histoire cauchemardesque. Ce
jeune homme, entraîné malgré lui sur un navire où la brutalité
et la canaillerie sont quotidiennes, va vivre une aventure
hors-du-commun, une mortelle lutte pour la survie. Alors que le
galion sombre dans une tempête monstrueuse, il parvient à en
réchapper, accompagné d'un certain Toine. Ils vont alors s'échouer
sur une île mystérieuse, inhabitée, qui ne ressemble qu'à un
vaste amas de montagnes rougeâtres, où l'eau semble inexistante, et
la végétation, à première vue, absente. C'est alors que le
périple que ces deux hommes vont endurer prend une tournure
fantastique, où l'ombre de Jules Verne n'est jamais très loin. On
ne sait plus exactement où se placer: entre rêve et réalité,
entre cauchemar et au-delà.
«L'extraordinaire
beauté du lieu, qui m'avait tout d'abord émerveillé, me faisait
maintenant frissonner de dégoût. Je dis de dégoût, car la peur
n'avait même plus de place en moi. Je finissais par comprendre
pourquoi les âmes qui séjournent en enfer y demeurent sans révolte
apparente. Le dégoût n'est-il pas le commencement de
l'acceptation?»
Ce court roman vous
émerveillera sans doute par ses images surnaturelles, franchement
inquiétantes, tour à tour sinistres ou étrangement belles. Entre
le récit d'aventure et la métaphore existentielle, ce roman, plutôt
méconnu, et c'est bien dommage, devrait trouver une petite place
dans votre bibliothèque!
P.S: Michel Bernanos n'est
autre que le fils de Georges Bernanos, auteur de la première moitié
du XXe siècle notamment connu pour son Journal d'un curé de
campagne et son autre roman,
Sous le soleil de Satan.
Il souffrira de la notoriété de son père, mais cela ne l'empêchera
pas de construire une œuvre complète et unique. Il se suicidera à
l'âge de 41 ans. Son obsession de la mort et son inquiétude
permanente se retrouvent au fil des pages angoissées de La
Montagne morte de la vie.
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