Un amour impossible de Christine Angot.
C'est avec une certaine réserve que
j'ai ouvert ce roman de la rentrée littéraire partagé entre des
avis élogieux et des avis incendiaires où l'auteur, Christine
Angot, semble souffrir encore d'une réputation sulfureuse et sans
substance, tant son écriture serait vide.
Et c'est le contraire que j'affirme ici
en fermant Un amour impossible où l'auteur remue les tragédies
du passé par le biais d'un langage dépouillé, d'une simplicité
désarmante et pourtant, fort et convaincant.
En effet, Christine Angot dresse une
nouvelle fois le portrait d'une mère, et d'un père, les siens, et
fait surgir sans artifices les douleurs attachées à cette relation
empoisonnée. On y découvre la judéité de Rachel, sa mère, qui
pose problème au sein d'une histoire d'amour avec Pierre, le père,
qui va refuser de reconnaître l'enfant, Christine. Ce trio, où
l'amour et la haine se font et se défont sans cesse, va accueillir
une tragédie qui marquera à jamais l'auteur et qui a déjà fait
l'objet de certains de ses romans antérieurs, l'inceste.
Par une plume que certains appelleront
«blanche», où le style durassien semble apparaître par son
indescriptible simplicité, voire son étonnant dépouillement, cette
plume sans grande profondeur, ciselée à l'extrême, donne au roman
une angoisse croissante qui verra sa solution énoncée aux dernières
pages. L'écriture d'Angot, dans ce roman, est parfaitement
maîtrisée, elle plaira ou ne plaira pas, c'est certain, mais
l'émotion qui s'en dégage, les images qu'elle appelle, sont elles,
palpables et douloureuses.
C'est une des bonnes surprises de cette
rentrée littéraire 2015, un très bon roman (peut-on vraiment
parler de roman avec un tel emprunt à l'autobiographie?) qui ne vous
laissera pas indifférent.
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